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Cher Laurent, cher Rajkumar,

je vous prie de transmettre aussi à tous les membres de l’équipe qui nous a accompagnés ces quelques lignes, qui se veulent le témoignage de l’expérience heureuse que nous avons vécue et partagée au cours du trek du Sanctuaire des Annapurnas.

Pour moi, cette expérience a été avant tout celle d’une harmonie : harmonie entre les membres du groupe, entre le groupe et l’équipe népalaise qu’avait constitué  Rajkumar, entre les efforts à fournir et les temps de détente, entre les forêts et les roches, entre les couleurs, entre une nature et une culture aussi fortes l’une que l’autre.

Mais quand les montagnes qui nous dominent nous ramènent à notre fragilité, quand la joie et la gaité de ceux qui ont peu nous renvoient à nos insatisfactions de nantis, se creuse des écarts et naissent des doutes. On ne peut marcher sur les terres du Népal sans s’interroger sur la  valeur des “paradis familiers et bonheurs domestiques” qu’a fabriqué notre société de marchands. La vision des femmes coupant le riz avec leur faucille nous ramène à un temps où nul bruit de moteur ne venait troubler l’environnement; les écoliers courant dans les escaliers de Ghandruk nous font soudain considérer nos bâtons de marche comme des béquilles; et quand la communication se fait au détour du chemin, une fois la charge posée, la recherche désespérée d’accès au réseau rend dérisoire notre dépendance numérique; tout comme le porteur lourdement chargé, en tee-shirt et en tongues, vient doubler les trekkeurs fiers de leurs chaussures et  habits de sport dernier cri. Tout cela suffira-t’il pour entamer la carapace de confort et de sécurité qui nous  replie sur nous-mêmes et nous ferme aux autres. En tout cas, la chance, grâce à vous, nous en est donnée.

S’interroger, partager, s’éveiller, sont  sans doute là les buts du voyage, d’un voyage qui n’est pas à consommer mais à vivre, autant par le coeur que par l’esprit. Tout comme le Népal n’est pas un pays à faire – au sens où dans les dîners mondains il est de bon ton d’allonger la liste des pays qu’on a “faits”. Ce serait plutôt au Népal, sinon de nous faire ou de nous refaire, au moins de nous toucher.

Merci à toi Laurent d’avoir su créer et faire vivre une entreprise sur des valeurs de respect des personnes et d’ouverture,  qui nous permet de voyager autrement, et, sans doute encore plus intensément dans d’autres lieux moins touristiques que tu as choisis, de vivre une expérience authentique.

Merci à toi Rajkumar qui sait par ton sens de l’écoute satisfaire nos soifs (Everest Beer, Gorkha ou Ice nepal) autant que nos aspirations  plus profondes, en faisant dialoguer cultures française et népalaise; qui sait aussi par ton dynamisme et tes qualités relationnelles donner corps à un groupe où chacun trouve sa place et réponse à ses envies.

Puissiez-vous encore tracer de beaux chemins sur ces terres du Népal, pour dans le même esprit nous en faire profiter, et bien d’autres aussi.

Avec mes pensées amicales. Jacques.  Annapurnas. Novembre 2016. 8 personnes